
René Vautier : un cinéaste de combat inscrit au Panthéon United Souls
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En ce 15 janvier, nous rendons hommage à René Vautier, un cinéaste visionnaire dont l'engagement pour la justice a marqué l'histoire du cinéma militant. Il figure aujourd'hui parmi les figures emblématiques de la collection United Souls, aux côtés de celles et ceux dont les combats contre l'injustice traversent les générations.
Un cinéaste engagé dès son jeune âge
Il y a quelques années, avec mon acolyte Guillaume Marty de l'association Kalakuta Productions, nous avons eu la chance de découvrir l'œuvre de René à la librairie Terra Nova, à Toulouse. Cet espace engagé, que je vous invite à visiter, propose des tote bags United Souls. Pourquoi ne pas en profiter pour repartir avec un tote bag à l'effigie de votre figure de lutte préférée, rempli de livres engagés ? Éveillez votre conscience tout en soutenant cette librairie qui porte des valeurs de solidarité et de résistance.
Le courage de René Vautier : de la Résistance à la lutte cinématographique
Stupéfait par son courage, j’ai appris qu’à seulement 15 ans, René rejoint la Résistance et reçoit plusieurs décorations pour son engagement. Diplômé de l'Institut des Hautes Études Cinématographiques (IDHEC) en 1948, il part en Côte d’Ivoire, mon pays d’origine, où il réalise Afrique 50, un film documentaire dénonçant les crimes du colonialisme français.
Ce premier film anticolonialiste français, qui expose le pillage des ressources africaines, lui vaut une condamnation à la prison et une censure de plus de quarante ans. René Vautier se décrivait lui-même comme “le cinéaste français le plus censuré”. Il n’a jamais cessé de lutter, que ce soit à travers ses œuvres sur la guerre d’Algérie ou son engagement dans le cinéma populaire et indépendant. Jusqu’à sa mort en 2015, René est resté un cinéaste de combat.
Une réflexion sur le militantisme anticolonialiste : un héritage toujours vivant
Son courage m’a profondément marqué. Depuis, je réfléchis souvent au militantisme anticolonialiste des années 50, bien plus mobilisateur que celui d’aujourd’hui. Je réalise que la Vème République, mise en place par un “putschiste” célébré comme un héros – le général de Gaulle – a libéré la France tout en imposant un système néocolonial aux Africains.
Aujourd’hui, c’est la jeunesse africaine qui cherche à se libérer de ce système. René Vautier reste un héros pour cette génération, et j’espère qu’il inspirera les jeunes Français du XXIᵉ siècle à œuvrer pour plus d’humanisme dans un monde où les intérêts économiques ravagent les liens d’amitié et d’amour entre les peuples du Nord et du Sud.
Jay Ramier : une rencontre fortuite devenue collaboration
Ma rencontre avec Jay Ramier, alias Black Picasso, semblait écrite d’avance. Ce moment clé s’est déroulé lors d’un vernissage à la Philharmonie de Paris, consacré à Jean-Michel Basquiat. Mon ami Fab Smith, fondateur du légendaire groupe d’afrobeat Les Frères Smith et saxophoniste de Seun Kuti, était à mes côtés ce jour-là. C’est lui qui nous a présentés.
Alors que je portais un t-shirt Frantz Fanon, Jay m’a immédiatement complimenté dessus. Nous avons échangé sur nos projets respectifs, et c’est là que je lui ai parlé de United Souls. Ce qui m’a touché, c’est sa générosité : contrairement à d’autres artistes, Jay m’a offert un portrait de René Vautier, en m’encourageant à le faire circuler dans l’espace public.
Ce n’était cependant pas notre première connexion. Après cette rencontre, je me suis souvenu que Jay, également directeur artistique de la revue Afrikadaa, avait croisé ma route grâce à mon cousin Jean-Pascal Zadi. Sa femme, proche de Pascale Obolo, fondatrice de la revue, nous avait invités – avec Brieuc Reckinger, membre de Kalakuta Selectors – à collaborer sur un numéro spécial intitulé Politics of Sounds : http://www.afrikadaa.com/2015/12/afrikadaa-10-politics-of-sound-is-online.html
Avec notre collectif de diggers amoureux du néoclassique de la musique africaine, nous avions proposé un mix inédit, composé de grooves rares et engagés des années 70. Découvrez cette sélection ici : Politics of Sounds.
Jay Ramier : un artiste au croisement des cultures
Jay Ramier est un créateur pluridisciplinaire, à l’aise dans la peinture, l’installation et la vidéo. En 1982, il co-fonde un collectif avec Skki© et Ash, pionnier du pochoir et du graffiti en France. Le groupe, rejoint par JonOne entre 1987 et 1991, contribue à intégrer l’art urbain dans les galeries, tout en représentant une scène autodidacte et dynamique.
Aujourd’hui, son œuvre interroge la mémoire et les archives, s’inspirant des textes et des musiques qui façonnent notre histoire (jazz, rap, rhythm and blues, musiques caribéennes). Avec une approche transculturelle, Jay explore les connexions entre son héritage créole et les cultures mondiales.
René Vautier : une mémoire vivante grâce à l’art et la solidarité
À travers le portrait de Jay Ramier, René Vautier continue d’incarner l’esprit de résistance. Son inscription au Panthéon United Souls témoigne de l’importance de sa lutte pour la justice sociale.
Grâce à ces collaborations, nous espérons transmettre son héritage aux nouvelles générations et construire des ponts entre les cultures. United Souls, c’est aussi cela : un espace où se croisent des visions artistiques, des engagements partagés et des histoires communes qui inspirent un idéal commun.