Jean-Pascal Zadi, le Nom du cinéma français

C’est l’histoire d’un film qui joue les Cassandre, c’est l’histoire d’un réalisateur qui veut nous faire rire et qui pourtant nous porte à réfléchir. Tout simplement noir, le dernier film de Jean-Pascal Zadi, nous compte les tribulations d’un acteur noir en France et arrive à point nommé dans l’actualité où la couleur de peau interpelle.

Si les politiques semblent tout au moins se poser la question, le film invite également le 7eme art au débat : car, en effet, qu’en est-il du cinéma ? Qu’en est-il du cinéma français ? Jusqu'à présent protégé par l’impensable notion de quota officieux et la profusion de seconds rôles embrumés, le cinéma français évite habilement toute taxation raciale.

Cependant, avec le film de Mr Zadi, on ne peut s'empêcher de remarquer l’anonymat de certains de nos plus grands acteurs : dans son film, pléiades de têtes connues, de voix qui nous évoquent d’autres films... Pour certains presque chanceux dirons-nous, un nom nous revient en tête, pour d’autres on se contente de se rappeler une scène, en compagnie d’un acteur plus connu.

Où sont passés les noms de nos acteurs noirs français ?

En dépit de l’actualité tendue sur la question et bien qu’on aime pointer leur défauts, tout américain moyen peut citer un film de Spike Lee, se réjouir de l’Oscar de Halle Berry, voir un film avec Whoopi Goldberg. Pourquoi en France y-a-t-il eu aussi peu d’efforts pour promouvoir la mixité de notre société ? Bien sûr il y a eu des ébauches : des timides, avec un premier rôle féminin pour l’excellente Firmine Richard dans Romuald et Juliette, des fulgurantes, dans le superbe film Le Grand Silence où Vonetta McGee partage l’affiche avec Jean-Louis Trintignant en 1968 ! Évoquons au passage les films du réalisateur Sylvestre Amoussou distribués dans certains cinémas d'auteur faute de mieux...

Oui, je vois des mines interrogatives, peu sont ceux qui ont vu/retenu ces films, et pour de bonne raisons : personne n’a fait l’effort de les plébisciter ! Une presse frileuse, un public circonspect et des producteurs peu enclins à soutenir ces projets. Bien des points qui placent la rentabilité au-delà de la notion d’ouverture pourtant chère à l'intelligentsia du 7eme art.

C’est ainsi que, de nombreux jeunes réalisateurs et/ou acteurs, qualifiés de façon condescendante comme « issus de l’immigration », se retrouvent à produire eux-même, des films qui parlent de leur tripes, d'une france méconnue du cinéma français et pourtant, issus de celui-ci. Quand il se laisse à découvrir ces films, le public ressort souvent avec l’impression d’avoir gagné 2 heures de sa vie, d’avoir perçu une autre profondeur car le scénario ici, est bien plus en prise avec la réalité de la société française. Ce fut le cas dernièrement avec Les Misérables de Ladj Ly, fait de bric et de brac, avec l’aide de tous les amis, ce film a creusé sa place aisément auprès des Audiard et des Lelouch, sans même s’essouffler.

Chez Jean-Pascal Zadi la méthode est la même : après avoir toqué aux portes, on appelle tout le monde, on fait au mieux avec trois fois rien, et c’est la parade, tout le collège des acteurs noirs français reprennent leur rôle pour une comédie sans accroc, si jeune, Jean-Pascal endosse le rôle du grand frère et nous prend par la main pour nous montrer toutes les incohérences de la société face à sa couleur de peau. C'est une thérapie par le rire, car le public français a toujours préféré rire de ses contradictions de crainte d’avoir à les assumer. Ici, tous les acteurs ont leur nom au générique (une pensée pour Pascal Nzonzi), ici, tout le monde a le premier rôle, ici, on parle de la France multiculturelle, la France riche.

Si certains, certainement les plus complexés pointeront un film communautaire à l’américaine, United Souls choisit de voir la générosité et le talent de ces acteurs oubliés de la paresseuse Académie des César (une pensée pour Aïssa Maïga).

United Souls choisit de supporter le film de Jean-Pascal Zadi en espérant d’autres. Nous sommes fiers que notre frère, notre cousin, ait eu la générosité de référencer nos T-shirts dans son film, mêlant ainsi les personnalités historiques choisies par United Souls aux acteurs en présence.

La reconnaissance du talent, quel qu’il soit, d’où qu’il provienne fait partie de nos préoccupations premières et c’est avec plaisir que nous accompagnons cette génération d’artistes tout en célébrant les grands noms du passé.

NB : Découvrez ci-dessous tous les T-shirts portés par le réalisateur Jean-Pascal Zadi dans son film "Tout Simplement Noir" pour la première marche de contestation noire française.

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